Aya – Chapitre 3

“Et voilà, nous sommes arrivés !” fit ma tante en serrant le frein à main.

Je jetai un œil à l’extérieur et pour dire la vérité, si je n’avais pas suivi les différents panneaux de direction qu’elle avait suivi avant de se garer, j’aurais été bien incapable de savoir où j’étais.

“Ce n’est pas Paris même mais avec la station de métro à cent mètres, c’est assez rapide de s’y rendre. Bien plus rapide qu’en voiture dans tous les cas.”

Elle éteignit les feux.

“Là, j’ai préféré prendre la voiture parce qu’avec tes bagages, prendre les transports aurait été tout un poème. Dans ce cas-là, il vaut mieux opter pour la voiture ou bien le taxi. Passer les portiques avec des sacs, c’est tout bonnement impossible.”

Nous sortîmes de la voiture et nous nous répartîmes mes affaires pour les monter à son appartement.

“Je suis au sixième étage, c’est le dernier avant le grenier… Et je préfère te prévenir tout de suite, il n’y a pas d’ascenseur. Cela fait des années que les locataires et les propriétaires d’appartements le demandent mais à priori, ils n’arrivent pas à se mettre d’accord en réunion de copro. En attendant, c’est toujours un peu sportif…”

Et en effet, escalader toutes les marches de l’escalier plutôt étroit et pour le moins assez tortueux avant d’arriver sur le palier de l’entrée de ma tante se révéla être un exercice plutôt exigeant. Me voyant essoufflé, elle ne put s’empêcher de sourire :

“Tu vois, je t’avais prévenu !”

L’appartement était bien plus grand que ce à quoi je m’attendais. Il y avait un petit couloir, un salon, une cuisine, une salle de bain, deux chambres et une pièce dans le fond dont la porte était close. Chaque pièce était décorée différemment mais tout s’accordait au niveau de l’ambiance. De plus, l’agencement des meubles faisait en sorte que la surface faisait bien plus grande qu’elle ne l’était réellement. Je ne m’attendais pas vraiment à cela. C’était peut-être assez bête de ma part mais je trouvais que l’âge apparent de ma tante ne concordait pas avec la superficie de l’appartement. Je n’avais pas vraiment d’expérience sur le sujet mais en la regardant comme cela, je l’aurais logée dans un petit studio dans le style post-étudiant.

“Viens par ici.” me fit-elle. “Voilà ta chambre. On va poser vite fait tes affaires et on les rangera demain. Il se fait tard. Il vaut mieux préparer ton couchage et au lit ! Tu peux utiliser la salle de bain si tu veux te débarbouiller avant. Moi je vais m’occuper de mettre des draps et des couvertures pour cette nuit.”

J’ai acquiescé. J’ai posé mon sac et ai pris quelques affaires de toilette. En toute franchise, même si je savais que j’allais habiter chez ma tante depuis quelques semaines, j’étais un peu gêné de la situation. Pour être tout à fait honnête, c’était principalement parce que je ne ne m’attendais pas à elle. L’idée de partager l’appartement avec elle devenait d’un seul coup un peu plus périlleuse dans ma tête qu’elle ne l’avait été jusque-là. Pourtant, il n’y avait pas de raison objective pour étayer de quelconques complications et c’était plutôt à moi d’essayer de mettre de côté ce sentiment un peu étrange.

Je suis allé à la salle de bain et j’ai laissé ma tante préparer tranquillement le lit. Comme je m’y attendais un peu l’endroit était très “fille” et j’eus un peu de mal à trouver une petite place pour poser mes quelques affaires.

Gel douche, sels de bains et shampoings en nombre. Quelques tubes de pommades au nom un peu étrange et à la composition qui l’était tout autant. Et surtout, une panoplie de produits de beauté qui m’étonna un peu étant donné qu’il ne m’avait pas semblé que ma tante se maquillait.

Une autre chose attira mon attention : c’était que toutes les affaires de toilettes étaient en double. Un raisonnement logique aurait déduit que ma tante n’étant pas a priori une nonne, c’était qu’elle laissait en permanence un double d’affaires de toilette pour quelques visiteurs du soir ou de la nuit. Mais l’observation un peu plus précise venait contrarier cette hypothèse : les affaires étaient résolument faites pour la gente féminine. Sauf à imaginer une sexualité un peu en dehors de la “norme” pour ma tante, mes suppositions se trouvaient sans fondement.

Même si au final, je conclus que de toute manière, tout ça ne me concernait pas et qu’il ne fallait pas non plus que je commence à imaginer des choses, il est certain que cela rajouta à ma gêne de débarquer ainsi dans l’intimité de ma tante.

Lorsque je revins dans la chambre, elle avait terminé de préparer le lit.

“J’ai mis quelques couvertures sur le meuble, ici. Cela m’étonnerait beaucoup que tu aies froid mais on ne sait jamais et de plus, je ne sais pas si tu es frileux ou pas.”

“Merci.”

“Ça ira ?”

“C’est parfait.”

“Tant mieux. Je vais aller me passer un petit coup sur la figure et je vais me coucher aussi : je suis crevée. On verra les détails sur l’organisation demain matin. On est samedi demain : la grasse matinée est autorisée !”

Elle sourit et je ne pus m’empêcher de faire de même. Je ne pus pas non plus m’empêcher de la trouver jolie. Malgré cela, lorsqu’elle s’approcha de moi pour sortir de la chambre, je ne pus m’empêcher d’avoir un mouvement de recul. Il était évident qu’elle s’apprêtait à m’embrasser mais voyant ma réaction, elle n’insista pas.

“Bonne nuit ?”

“Bonne nuit, oui. Et merci encore…”

“Si tu commences à me remercier pour chaque nuit que tu vas passer ici, selon toute vraisemblance, tu n’as pas fini.”

Puis elle s’éclipsa.

Je soufflai. J’étais effectivement plutôt fatigué moi aussi par le voyage. Je ne mis pas très longtemps à me glisser sous les draps et à éteindre la lumière. Je jetai un œil sur l’heure : il était une heure moins le quart et je réalisai tout doucement que c’était la première d’une des nombreuses nuits que je passerai dans cet appartement.

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