Actrice

J’ai toujours évité ce mot quand il s’agit de parler de toi. Je ne sais pas pourquoi. Par décence, peut-être, de moi à ton encontre. Par pudeur, sûrement pour toi face au reste du monde.

C’est assez rare de rencontrer des gens telles que toi, crois-moi. Ce n’est pas de l’intelligence, ce n’est pas de la beauté, ce n’est même pas du calcul. Parce que si cela avait été du calcul, il y aura quelque chose comme une certaine prévisibilité. Mais là non.

Tu as fait défiler la pellicule d’un film dont tu tournais les scènes les unes après les autres. Elles étaient jolies, ces scènes.

Sur le trottoir et sur la pointe des pieds pour un premier baiser.
A la bougie et dans la chaleur d’été, pour enrouler dans les draps les premières traces de sang.
La complicité d’un buisson pour cacher la nudité à la rivière.

C’était joli mais il manquait la tension dramatique. Pour que s’écrive ton roman, il fallait un retournement.

Et tu as fini par le trouver. Cet élément. Quoi de mieux que de jouer au jeu de la vie, d’en dessiner les lignes puis de les mettre en pointillés.

Actrice sans avoir conscience de l’être. Affronter l’expérience une première fois pour mieux l’oublier. Peu importe les aléas collatéraux. J’ai traversé ton scénario pour écrire le mien. Je n’avais pas idée du nombre d’années sur lequel se déroulait l’intrigue.

C’est comme quand on écrit un livre. On enjambe les décennies, on raconte l’histoire en se concentrant sur la seule ligne lisible et on oublie le temps, l’ennui, le vide laissé par l’absence. Cette absence qui n’a jamais vraiment été, juste une idée de vacances, juste une inconscience sur le vague espoir d’un tracé.

Actrice. Je n’ai jamais su si c’était vraiment là où tu voulais aller. Je me dis que non car qui voudrait pour le restant de sa vie, se torturer. Ça n’a pas de sens, ni l’importance pour tenir la durée. Surtout dans l’indifférence d’un anniversaire qu’il ne faut pas souhaiter.

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