Il me revient de loin, ce soir,
Le petit caillou d’enfance
Jeté si haut dans notre ciel,
Lancé si bien qu’il me fait mal;
Comme un papillon dans une toile,
Je suis prise à ton double vitrage
Qui ne sait que claquer ma vie,
Las, oui là, juste où tu bats ;
Je ne fais plus marcher
Les crabes de travers,
Je ne vais plus dans les rochers
Chatouiller les bigorneaux ;
J’ai ce caillou qui me fait mal
Il a mis en poussières
Tous nos châteaux de sable
Mais toi t’en rappelles-tu ?
Je n’ai plus que deux mains
pour réapprendre à jouer
Et poser à côté du piano
ma compo à quatre tempo
Ils me reviennent de loin,
Ces coquillages clandestins
Où l’on entendait la mer,
Où l’on imaginait ses rivages ;
J’ai traversé tes rues désertes
Croyant y trouver la source,
Mais elles n’étaient que bruines,
Mais elles n’étaient que ruines…
J’ai regardé à travers les nuages
Mais j’les vois plus
Ces foutues images,
Ce petit caillou dans notre ciel ;
Du sable dans les yeux,
Du sel dans le cœur,
Les veines au sale goût d’un vœu,
Et cette tasse qui ne noie pas la peur…
Je m’enlise pas à pas sur nos rêves incertains,
Ceux qu’on se faisait en ce tenant la main,
Ceux qu’on se disait les yeux fermés,
Au bruit du sable sous nos godasses mouillées.
keep me – tilou
(avril 2007)