Au brouillard qui se verse à nos yeux
De n’avoir pas su, de l’avoir fait
A ressasser comment
Quand le soleil nous brille
On peut arriver là
Je te regarde glisser
Sur la flanelle des draps
Tes yeux dans les pensées
D’un drame qui se joue là
Dans le creux de ton ventre
Dans l’envie de mes bras
Tu sais que c’est demain
Que notre fin jouera
Son triste requiem
Il n’y a aucune couronne
Aucun diadème
Et rien ne nous pardonne
D’avoir voulu le rêve
Dans cet été fichu de l’hiver de nos raisons
Mais si on avait su le manque
De ne l’avoir connu
Ce prélude en mon sein qui s’est brisé
Tu crois qu’on l’aurait fait ?
Est-ce qu’à ton visage qui blêmissait
J’aurai répondu que tout finirait ?
J’me souviens, tu sais…
De l’été
(Etait-ce l’hiver?)
Blottie dans le lit blanc
A tenter de le sentir
D’me dire que c’était là
Et qu’j’allais m’en séparer, le r’cracher
Mais y’avait qu’tes bras
Et tes mots autour de moi
J’le r’ssentais pas, tu vois
J’le vivais pas !
Mais j’sais maint’nant
Je sais exactement où il était
Parce qu’il n’y est plus et qu’il me manque
Ca hurle, là…
En moi…
Où ta main s’est posée…
Il y a le vide,
Le rien qu’il a laissé…
J’aurai peut-être bien voulu, moi, voir la couleur de votre ciel… Sentir battre mon cœur à tout rompre dans ma poitrine…
J’aurai voulu savoir… Ce que c’était de ressentir… Ce que c’était la vie…
Vivre… Vivre…
Respirer… Avoir le souffle coupé d’amour…
Rire… Avoir des larmes au bord des yeux…
Dites-moi, c’est vrai que parfois, on a des papillons dans le ventre ? Et que ça crie, là, à l’intérieur ?
Que l’espoir c’est éphémère… Comme je l’ai été …?
Ce n’est pas l’éphémère qui gouverne ce monde…
Juste le regard de ceux qui se disent des grands…
Ceux qui disent le vrai… Ceux qui font bien tout le temps…
Peut-être qu’on aurait pu faire comme si…
Peut-être qu’on aurait pu et dire que ce n’était pas l’été…
Peut-être qu’on aurait pu et il n’aurait pas été…
Pourtant on l’a fait… On se l’est même ressassé…
On savait ce qu’on voulait ignorer
Qu’importe la morale, la norme des bien élevés
On voulait autre chose… Une vie que l’on vit comme une glace renversée…
Oui, on voulait tout… tout de suite, et pas dans des années
On voulait… Peut-être qu’on s’est trompé…
C’était cent ans après ou peut-être avant…
On avait le coeur au bout des doigts
Et surtout toi…
A me dessiner des fleurs sur la peau
C’est lui qui a poussé
Comme les racines qui débordent
Et qu’on voudrait couper…
Un rosier mal fleuri… peut-être mal planté…
Mais il était en vie… avant qu’ils nous l’aient incendié…
Arraché à ras de mon ventre
Comme une mauvaise herbe d’été
C’est qui « ils » ?
C’est eux…
Pas nous
Enfin… c’est toujours un peu ce que l’on est tenté de faire
De dire
Se dire que
Que c’est les autres qui nous y ont poussés
Ça fait moins mal
Que de se confronter à notre humanité
C’était nous, tu vois, c’était notre sang et notre amour…
C’était la sueur de nos corps l’un contre l’autre
Et l’aube de ma jouissance
Evanoui comme un vague cauchemar, je vous souviens de tout…
J’étais plus qu’une fleur et moins qu’un fruit… J’aurais voulu tomber sur votre chemin… Que vous me ramassiez…
Vous m’avez juste écrasé… Une vulgaire fleur sauvage sous vos pieds…
*Lynatique* & Tilou8897
( Mars-Avril 2008 )