Et tourne le manège

Sous les embruns de pluie,
Ses perles de misère
Ceints de rêves jaunis,
Des yeux en bandoulière,
Pourtant on vole ainsi
Du quartier des dockers
A ces poutres vieillies

Aussi froides soient gouttes
Ou bien flocons de neige
On ne donne aucun doute
Au pays du manège
Des sans voix aux cent routes
Sur ces bateaux de liège
Qui voyagent sans soute

Murmurent les soirées
Sur le quai des soupirs
Dans le brouillard doré
Où se fend le navire
Les voiles vont rimer
Dans des embruns de rire

Lorsque l’été s’éteint
Par dessus les passants
Le dalle en sel marin
Se grise frémissant
Sous les pas incertains
De marcheurs mal errant

Et à leurs pieds ciment
D’avoir trop bu d’étoiles
La rue va emportant
Cet iris en pétale
L’orgasme d’un instant
Aux parfums de santal
On replie les gréements
Et nos vents d’idéal

Qu’échoue le bateau ivre
Sur la rive assassine
De nos coeurs qui se givrent
Tous nos riens lui dessinent
Les couleurs qu’on ne livre
Au matin qui décline
Jusqu’à l’envie de vivre

Si tes mots sont écrin
Pour enfermer les vagues
Que ton encre au velin
Rature et puis divague
Je me ferai dévot
Sur le grain de ta peau
Je me ferai de rien
Pour enfiler ta bague

Emporte-moi là-haut
Où tes trops sont si peu
L’aveu d’un demi faux
La porte de nos cieux
Où tu déverses l’eau
Cet or qu’à notre sceau
Renversera le faux
Qui remplit tous nos jeux

ce n’est pas la marée
Qui noiera cette plage
Qu’en nos mains enlacées
Où ne sont plus les âges
L’on y fera mouillage
Sur des plis outranciers
Peu m’importe l’otage
Qu’on veut plus libérer

Il y aura ce temps
Où ta peau sera livre
Où mes doigts dans le vent
Glisseront seront ivres
J’avais tes seins sucette
L’envie de ces sornettes
Qui me faisait vivant
Qu’importe si l’on ment

Claire & Tilou

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