Sans fil

Trois ans. Cela fait trois et quand arrivent les beaux jours, j’ai toujours ce poids sur les yeux et le cœur serré. Je me dis et je me répète pourtant tous les jours que tout va bien, « qu’un jour ce sera ton tour » mais en fait, c’est un vœu pieu et des paroles désillusionnées. De toute manière, il y a toujours ces silences, ces airs un peu gênés, ces mots qui ne veulent pas sortir au détour d’une conversation qui emprunte une des milliers de routes où je vais forcément déraper.

Je n’ai plus vraiment mal. C’est comme si on avait opéré : ablation de l’aorte, de l’envie de se relever. Maintenant c’est autre chose. La sensation d’un vide, d’une marche forcée… Le sentiment qu’il faut encore sourire, histoire de ne pas les faire pleurer. Ça change tout et c’est sûr, j’ai changé. J’ai décidé d’arrêter de mourir, j’ai décidé de m’interdire de vivre du plaisir de jouer sur les ambiguïtés… Je n’ai plus envie d’entrer en guerre contre la morale de comptoir qui campe dans le jardin des gens bien élevées.

Alors, ne sois pas triste des mots que je ne dis pas… Ne sois pas triste de l’avenir puisqu’il n’y en aura pas. Il y aura juste une histoire, des terrasses, des rires et du verre brisé… Le récit de moments pris sur le vif mais sans fil pour les relier.

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