A l’hôtel des sans-abris

Elle est lasse et s’efface
Dégrafe et déboutonne
La dentelle de ses mots
Elle est grâce et brouillonne
Tourne l’œil pudiquement
Pendant qu’elle griffonne
Le parterre de ses maux

Elle est ligne, elle est jeune
Quand d’un geste d’épaule
Elle dégage le nuage
Auquel elle s’abandonne
Elle est cygne et entonne
Une mélodie de phrases
Que son dieu lui pardonne

Elle est muette et aphone
Quand elle enferme ainsi
La voyelle par la consonne
Que même son âme scie
Les planches sur lesquelles
Elle rit et siphonne
Les tourments des séquelles
Qu’elle offre aux airs de « si »
Pour qu’on la serre, qu’on la pouponne

Peut-être danse-t-elle
Sur le bord de la scène
Peut-être qu’elle au pluriel
Retire ce qu’elle donne
Qu’à l’ombre du théâtre
Qui lui souffle sa vie
Elle sait que le bel âtre
N’est que reflet de son envie

Elle sera Vienne ou bien Paris
A l’heure des chiennes
Qu’implorent la vie
Elle sera tienne ou bien Sienne
Dans cette chambre où rien ne dit
Que la mort lasse rêve aux plis
De la dentelle
Dans cet hôtel des sans-abris

Laisser un commentaire