On sera déjà ailleurs quand on se rendra compte

On le sait, on le sent. Ca se remet en marche, on ne sait trop comment. Ca commence par un regard, par une blague entre collègues à laquelle on répond en souriant. C’est plaisant mais ce n’est rien. On sait que la chape de plomb dans laquelle on est enfermé, ne saurait y céder. Et puis, ca continue, il y a des images qui reviennent qu’on amalgame. C’est un mirage, une illusion d’optique et puis, elle a tellement de points communs, cette histoire avec les anciennes. On ne peut pas refaire plusieurs fois le même chemin. Du moins, on essaie de s’en convaincre. Et puis l’autre elle, son ombre et son petit bout. Elle lui ressemble sans le petit bout. Alors on avance et ça ressemble à l’autre elle sans le petit bout. Et les souvenirs reviennent, on se rappelle son arrière-goût de « sans petit bout ». Et puis l’autre petit bout, il est là, il s’est substitué, on a voulu refuser mais ça faisait trop mal et puis, ça ne nous ressemblait pas. On ne sait pas faire ça. On ne sait que prendre ce que reste de bien et le serrer dans ses bras.

Et on avance. On n’aura pas le temps, on n’aura fait que se connaître, incapables que l’on est de se provoquer l’occasion, d’échanger quelques mots pour se donner une excuse pour après. Il faudrait que le hasard fasse son œuvre mais l’on y croit si peu. Alors on se regarde, on entend ce battement revenir battre doucement, mettre en morceaux ce mur de ciment qu’on avait coulé. On se regarde et ça vient même chatouiller les rêves pour coincer un peu plus les mots dans le gorge dès qu’on effleure le sujet. On n’est sûrement trop bêtes, à garder ce silence mais quelque part, c’est tellement mieux que si le charme se rompait. Et puis, tu voudrais lui dire quoi ? Comment expliquer ce que tout ça met en jeu dans la tête ? Comment t’expliquer ce que tu comprendras sûrement mais ce que tu n’accepteras pas, à la longue ? C’est pas comme si c’était ta fille, pas comme si t’étais son père. Comment te dire ce qui m’attire et te dire, de ne pas t’en faire, si tu as l’impression que je m’enfuis ? Quel bordel viendras-tu inscrire en plus dans l’histoire ? Combien de crises de nerfs, de portes qui claquent pour finalement se dire qu’on se comprend ?

Combien de temps pour se rendre compte qu’on a raté le coche ? On sera déjà ailleurs quand on se rendra compte qu’on allait nulle part pendant qu’on cherchait à aller là-bas.

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