On a juste à dire que tout ça, ça n’a jamais existé

Il faudra un jour que je fige une bonne fois pour toute la date de ton anniversaire. Ne crois pas que cette réflexion soit issue d’un rejet de ma part, simplement, je voudrais que tu comprennes que je ne peux éternellement douter ou la changer à ma guise ou au gré de mon humeur ou biens des aléas. Au delà de la question même de ton existence, ou plutôt de la reconnaissance que les gens ont pu ou peuvent avoir sur ta réalité, il en est une autre qui brouille autrement plus les cartes, les sentiments : quel moment faut-il garder en mémoire lorsqu’on n’a rien comme point de repère, juste le flou de quelques semaines pour déceler puis avouer ta présence et quelques mois pour savoir qu’il y a eu un point final au début de ta phrase. Je ne sais même pas si je te connais ou si tu n’es qu’une construction mentale pour me permettre d’enjamber cette période. La chose la plus simple serait de te nier, de faire un trou au milieu des années et de tout noyer. Il y en a qui diront que c’est bien, d’autres que c’est normal car il faut un jour se résigner mais, se résigner à quoi ? Que faut-il accepter au nom de quoi ? Il y en a qui diront qu’ils auraient fallu remettre le couvert… sans tarder. Mais ceux-là parlent sans même savoir. En plus de cela, ils disent ça juste pour se rassurer. J’appelle ça l’effet miroir couplé à la volonté de se sentir dans la norme, éviter d’être montré du doigt ou de se voir reprocher une faute quelconque.

C’est bête et dénué de sens. Qu’a-t-on besoin de se justifier ? Croit-on vraiment qu’on puisse avoir souhaité d’être dans ce genre de situation ? Croit-on que “ces gens” sont d’une espèce à part, et qu’il vaut ne pas les fréquenter de peur d’être contaminé ? J’en viens presqu’à dire cela avec le sourire en coin.

Presque. C’est le mot. Presque vivre, presque sourire, presque pleurer, presque parler. On fait tout à la moitié. Le verre a-t-il été plein et est-il aujourd’hui à moitié vide. Est-ce que la vie est une chose entière ? J’écris et je n’ai pas envie de me relire… Je ne veux pas savoir ce que je pourrais trouver dans le fond de mes mots. A quoi cela sert-il donc de les écrire ?

Si tu savais comment cette question n’a aucun sens… Il suffit de marcher… Aller où tu peux. Tant que tu peux. Il n’y a même pas à avoir de volonté. Quand t’es petit, on t’apprend à mettre un pied devant, de perdre l’équilibre et de te rattraper sur l’autre mais on ne te dit pas à quoi ça sert… vraiment. Ca s’appelle marcher. Paraît que c’est fait pour avancer. Tu peux reculer mais ça, on ne te dit pas que ça existe. Tu n’as qu’à le constater toi-même.

Dans tout ça, je ne sais plus vraiment ce que je voulais te dire. Mais je vais te confier un secret qu’on gardera entre toi et moi : on a juste à dire que tout ça, ça n’a jamais existé.

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