Demain sans promesse

Crois-tu qu’un jour l’on puisse être séparés maintenant qu’on en est là, un peu au milieu du gué, dans un jeu de rôles dont les costumes sont, somme toute, assez mal taillés et en tout cas, qui ne reflètent pas la réalité ? Je m’attache sûrement à des détails mais… Il y a des choses que tu ne m’aurais jamais permises avant. Pas Avant, “pendant le nous”… Le Avant, “un peu avant maintenant”.

Quand ta “miniature” a prononcé “le mot”, tu ne l’as pas repris. Tu as bien vu que j’étais embarrassé, coincé entre le plaisir qu’elle m’appelle ainsi et l’exigence de lui dire que cela n’est pas une vérité. Je ne l’ai pas contredit tout à fait… J’ai juste redit le mot pour qu’elle prononce les deux syllabes correctement.

Je n’avais pas envie de nier l’évidence : c’est presque “vital” pour moi de faire de “comme si”. Je n’ai pas la prétention de remplacer quoique ce soit. Je ne le fais ni uniquement pour elles, ni uniquement pour toi, ni pour moi non plus. Ca vient de plus loin. C’est noué ailleurs. Je ne crois pas qu’il faille “psychanalyser” ça. Je crois que c’est là… Il n’est pas question de démontrer quoique ce soit, ni de plaire, ni de me faire plaisir égoïstement… Tu dois comprendre ça, non ? Un truc où il n’y a pas de raison identifiée… Où c’est inutile d’essayer de voir si ça ou ça ou encore ça, c’est ce qui pèse le plus lourd dans la balance.

En fait si je reviens sur cet instant précis… Ce n’est pas pour ça… C’est davantage pour son côté “flou”. On ne sait pas si on fait bien de faire les choses ainsi. On a du mal à percevoir, l’importance de la réponse que l’on fait à ce moment-là. Est-ce que c’est juste un échange qui terminera sa course au milieu de milliers de banalités qu’on peut vivre heure après heure, minute après minute, ou bien, est-ce que cela fera partie de ces instants cruciaux qui s’impriment dans la mémoire et qui joueront un rôle sur la suite.

Je ne sais pas si j’ai bien fait. Je ne sais si tu as saisi la teneur de mon embarras. Je crois que oui. Mais je crois que pour toi, cela n’était pas dramatique… Il fallait bien que ça arrive et finalement, quitte, peut-être était-ce mieux que ce soit sur moi que ça tombe. Mieux pour toi, mieux pour elles et “mieux aussi pour moi”… Dans un certain sens.

Je sais que tout ça : c’est confus, c’est peu intelligible et c’est assez difficile de voir où tout ça nous emmène. Moi-même, je ne sais pas. C’est compliqué n’est-ce pas ? D’imaginer un demain sans pour autant en faire la promesse… Il y aurait un côté “rassurant” à le faire. Mais il y a aussi un côté sécurisant à ne pas le faire. Pas de déception à redouter (subie ou non).

C’est peut-être ça “le truc” : ne pas savoir de quoi sera fait demain mais être sûr que ce que l’on a aujourd’hui (c’est-à-dire presque rien mais l’essentiel), sera toujours en place quelles que soient les circonstances, juste parce qu’on n’a pas de place pour le doute sur ce que l’autre est et fera.

Laisser un commentaire