Ombres portées

Au pied des gratte-ciels, ravivé au vent de cet hiver qui me laisse courir sur ces trottoirs dallés où l’on peut se regarder comme une ombre dans un miroir, j’ai ce coeur qui joue au balancier et les mains glacées. Je suis deux. Divisé. Entre ce monde qui m’enlève et m’élève bien plus haut que je ne saurais l’ambitionner et l’autre, celui qui ne me trouve pas, qui me laisse des papiers que je couvre d’encre à longueur de journées. Je suis chômeur, je suis demandeur d’emploi. Cet emploi du passé à la couleur d’un drap qui recouvrait des corps où le début de l’histoire s’était gravée. J’ai mil choses à faire, à unités de temps, à mettre sur le chemin de ceux qui veulent l’emprunter. Je sais faire cela. J’ai mil choses à faire mais pas une n’occupe ma pensée comme elle sait si bien le faire sans même le provoquer. Au pied des gratte-ciels, la tristesse des lampadaires et des lumières de Noël qu’ils perchent pour les colorier m’envoie la solitude d’un espace surchargé, des minutes inutiles, de paroles rabâchées, de règles futiles et de promesses programmées mais rien pour réchauffer mes doigts que je laisse glisser sur la rampe de l’escalier, le regard planté dans cette étoile qui s’échappe autant de fois que l’on s’essaie à l’attraper.

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