Tu veux un sucre avec ton thé ?

“Mais toi. Qu’est-ce que tu veux ?”
Moi. Je veux…
Coup d’oeil à droite. Coup d’oeil à gauche. Regard par la fenêtre. Sors une clope et l’allume.
“Moi, je sais ce que je veux. Simplement, disons que… On ne m’a pas présenté le choix.”
“Tu lui as demandé ?”
Soupir. Sourire. Silence.
“Je ne peux pas. Enfin… Non… Ce n’est pas ça.”
Les mots s’empilent dans la tête. Ce n’est pas une question de capacité. C’est une histoire de “moment”. Je pourrais poser la question même si je crains une partie des réponses pour des raisons aussi factuelles que fantasmées en nombre. Le truc. C’est le moment.
Il y a peut-être des gens qui savent poser des questions qui descendent comme ça du ciel sans qu’on sache vraiment trop pourquoi. Moi, je ne sais pas faire cela. J’ai besoin du contexte. J’ai besoin d’être rassuré sur l’interprétation de mes mots. Je pense et je ressens des milliers de fois plus vite que je trouve mes mots. Je prends des raccourcis que je ne devrais pas pour éviter d’embrouiller les phrases. Je sais que quand je ne le fais pas, généralement, la personne qui me fait face, ne discerne plus la question, une fois que je me tais.
Et puis. Pourquoi ?
Pourquoi, ce que je veux aurait une importance dans tout cela ? Je ne peux pas te dire ce que je veux vraiment. Je ne vis pas sur des objectifs. Je vis là. Maintenant. Si je pose une question : c’est pour là, maintenant.
Ca me renvoie à un souvenir. “Et si les choses changeaient demain ?” m’avait-elle demandé. Pourquoi les choses changeraient entre aujourd’hui et demain ? Et surtout, pourquoi se torturer l’esprit à juger de la “probabilité” qu’il y ait un élément qui fasse que… Veux-tu que je te fasse une promesse ? C’est cela ? Tu attends une promesse ? Les promesses qu’on prononce sont toujours celles qu’on ne tient pas. Ce n’est pas qu’on ne voudrait pas, c’est juste qu’elles fixent un élément qui n’a rien de réel.
“Tu vois. Je n’aime pas vivre avec des objectifs. Le problème des objectifs, c’est qu’ils sont générateurs de frustrations quand tu ne les atteins pas. Et moi, je n’ai pas envie de cela. Je préfère saisir les choses quand elles arrivent. Ca ne veut pas dire que je ne fais pas des pas vers elles. Non. Ca veut dire juste que je ne les provoquerai pas. Je n’ai pas besoin d’elles pour être heureux.”
Silence.
Moi ce que je veux… C’est qu’on puisse se dire : “C’est joli, là où l’on en est. On se remet ça demain ?”
« Ouais… Je comprends. Tu veux un sucre avec ton thé ? »

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