tant qu’on n’a pas pris la décision.

T’ai-je un jour expliqué pourquoi je m’en suis allé, pourquoi je me suis enfui, pourquoi j’ai laissé derrière moi ce qui était encore ce que je désirai le plus au monde. T’ai-je dit que j’ai passé des nuits entières à faire tourner les souvenirs avec les à venir, à esquisser des rêves et pleurer des réalités. T’ai-je dit que j’ai eu peur ? Je ne suis pas doué pour aligner des mots pour dire simplement que j’ai pu me tromper, que je n’ai plus vu comment refaire machine arrière. Il y avait le jour qui n’était plus vivant, et ces nuits abandonnées à l’ivresse où la lucidité avait la même lumière que cet instant où j’avais compris qu’elle avait enterré la hache avant même qu’elle soit de guerre. Toi seule, tu sais ce qu’a été cette hache et ce qu’elle a tranché. Tu es peut-être la seule à avoir une vraie description du cauchemar, de ces minutes qui ont fini de défaire les derniers espoirs auxquels je m’étais accroché. Il y avait plus qu’une banale histoire d’amour, qu’une banale histoire d’amants. Il y avait plus que des moments.
Je me rappelle le soir d’octobre ou peut-être de novembre où tu m’as dit ce qu’il en était. Quand tu m’as dit ce que tu avais décidé. Je ne suis pas sûr d’avoir bien entendu ce soir, d’avoir eu les paroles que je te devais te donner. J’étais dans un autre monde, dans un autre univers. Même la fiction n’aurait jamais pu imaginer cela. Je crois que c’est à partir de ce moment que j’ai totalement perdu pied. La situation devenait intenable et insensée. Et il avait encore elle, qui ne sortait pas de mes pensées. Chaque trottoir, chaque rue arpentée me laissaient un goût amer et me rappelait à ce qu’elle m’avait enlevé. Et toi, c’était l’inverse. J’ai eu peur de m’accrocher. J’ai eu peur des mauvaises raisons, celles qui te mènent aux choix où l’autre n’a pas le droit de citer. J’ai eu peur de mon affection, qu’elle ne soit que le report d’une tristesse, d’un deuil qui s’invite à la table de la confusion.
Tu vas peut-être me dire qu’il est bien tard pour te donner cette version de l’histoire ou peut-être que tu la connaissais déjà. Et c’est sûrement vrai. Mais si tu penses vraiment cela. Si tu penses qu’il est toujours trop tard pour revenir sur nos directions, je crois que j’ai encore le droit de te dire non. Rien n’est jamais trop tard, rien n’est figé tant qu’on n’a pas pris la décision.

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