A ses côtés 4

C’est une chambre d’hôtel. Tu me tournes le dos. Je ne sais ce que je fais là. Si c’est juste un rêve ou une tentative de conclusion ratée. Je ne veux pas te dire que je suis malheureux alors que tu es là. On a toujours fait dans l’à peu près, on n’a jamais mieux fait que ça. Tu as l’air paisible, ta respiration me donne cette impression-là. J’avais de grandes idées, il y a quelques années, et là, même fichu d’un certain malaise, je me dis qu’on a déjà fait un grand pas. C’est un peu plus qu’une nuit et une bonne baise, il n’y a pas vraiment de mot pour désigner ça. C’est presque pathétique mais c’est un peu comme nous : on a toujours mieux réussi à s’indéfinir qu’à préciser nos lignes, nos frontières. Je n’ai jamais vraiment compris ce qui faisait brouillage. Je n’ai jamais compris non plus pourquoi ce brouillage était quelque chose de mauvais. Ce n’est pas comme si, on s’attendait à quelque chose de sublime, de parfait. Moi, je ne suis que ce que je suis et toi, tu n’es que ce que tu es : deux ombres inégales qui cherchaient un peu de soleil pour exister, ne serait-ce qu’un instant, et pourquoi pas une éternité.

J’allume le portable silencieusement. J’ai douze messages de ta mère qui s’inquiète de ne pas nous voir rentrer. Les filles vont bien, elle est restée à la maison toute la nuit, elle a dormi dans le canapé. Enfin, elle ne peut pas les garder au delà de midi. Elle veut qu’on la rappelle dès que possible pour savoir comment qu’on va faire. Je regarde l’heure. Je me lève. Je crois que je vais y aller pour m’en occuper. Je vais te laisser dormir. Je sais comment tu es si je te réveille d’un coup comme ça. On se verra tout à l’heure pour broder une histoire pour remettre à l’endroit ces quelques heures de travers. Ce n’est pas comme si j’en avais envie mais c’est juste une nécessité. Faire croire qu’on a grandi et qu’on n’est plus perdu. Faire croire à l’impossible pour éviter de mettre en lumière que les choses pourraient être simples et qu’on pourrait même les aimer.

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