Comme si on manquait d’heures bien plus qu’auparavant.

Tu me diras sûrement qu’il y a des couvertures sur la chaise à côté du canapé et je n’aurai rien à dire, juste un “merci” pour l’attention. Tu me diras que tu es fatiguée, que les filles t’ont soutiré les dernières bribes d’énergie que tu avais gardées pour moi, pour tenir la soirée. Je resterai quelques secondes à chercher à croiser ton regard pendant que tu déchiffres l’heure sur ton micro-ondes. La scène sera presque banale parce qu’elle aura le goût d’un certain déjà vu. Tu n’oseras pas remarquer la lueur dans mes yeux, celle qui te gêne et te ferait vaciller à remettre au présent des voeux que tu voudrais masquer. Je me dirai sûrement que ce n’est pas le moment d’y croire, même un petit peu, qu’on verra un autre soir où je sentirai que l’endroit et le temps seront les plus propices. C’est ça le grand drame à devenir grand. On passe son temps à chercher le lieu comme l’instant comme si on manquait d’heures bien plus qu’auparavant. On cherche une beauté, un contexte rassurant pour se faire un souvenir traité à l’anti-dérapant. On sait que c’est ridicule mais on ne peut pas faire comme on faisait quand on était inconscient. Et heureusement qu’on le sait, sinon, le fond de nos rêves comme nos pensées serait bien déprimant.

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