Le truc

Le truc, c’est de ne pas y croire avant que cela arrive. C’est de ne pas s’y voir avant d’avoir trouver sa place sur la photo. A vrai dire, c’est normal. Je ne sais pas si ce que je fais, ce que je dis peut justifier d’apparaître sur la pellicule.

“C’est bizarre… C’est la première fois que tu ne fais ni vidéo, ni photo.” m’as-tu fait remarquer.

Et c’était vrai. A la vérité, je serai incapable de t’expliquer pourquoi. Peut-être que je n’espère plus seulement en rester à me souvenir avec quelques clichés et quelques instants filmés pour nourrir le manque. De vous. De toi.

Tu as souri quand j’ai remonté la couverture sur toi. Je sais que tu n’as jamais aimé le fait que je ne sois pas synchrone avec toi. Mais là, tu en avais besoin. Je t’ai regardée t’assoupir sur le canapé et j’ai compris. J’ai compris pourquoi contre vents et marées, je resterai là. Mais je ne sais pas si j’arriverai un jour à mettre une explication en français pour exprimer le pourquoi. Je ne sais pas dire ces choses-là.

Comment te dire… ? Il y a des évidences. Un peu comme si tu avais une route qui poussait sous tes pieds pour te montrer là où tu as envie d’aller. Tu sais qu’elle ne sera pas en ligne droite, qu’il y a aura des cailloux et peut-être des pavés. Tu sais que tu rateras des virages et que tu finiras dans quelques bas-côtés. Mais tu sais que ça en vaut le coût… Je n’aime pas le mot. Mais comment le dire autrement. Ce n’est pas une question de “valeur”… Ca n’a rien à voir avec un “prix” à payer. Non. Je n’aurais pas l’impression de ça. Même s’il faut que j’y aille, corps et âme, j’aurais la sensation d’être “porté”. Un peu comme l’inspiration.

Tu n’écris pas, je sais… Mais tu peux l’imaginer ça, non ?

J’étais bien, ce matin-là. Avec elle, la tête posée sur ma poitrine à regarder un film qu’elle ne comprenait, avec toi que j’entendais tantôt rire, tantôt gronder l’autre elle. Je t’ai vue, désorientée parce que ça semblait trop simple. Enfin, je crois. T’as le droit de respirer. T’as le droit de ne pas tout prendre. Je ne t’enlèverai rien. Je connais trop bien la douleur quand on t’arrache ce qui “t’appartient”.

Le truc, c’est de ne pas y croire avant que cela arrive. Le truc, c’est juste de prendre la route lorsqu’elle semble emmener quelque part.

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