Je vais te faire une confidence

Je vais te faire une confidence. Je crois qu’on ne pardonne pas à des gens comme moi. Je crois que même si les années passent que les gens vous disent que tout ceci, c’est du passé : il n’en est rien. Les gens oublient mais ils pardonnent pas. Et surtout, on ne se pardonne pas. Je déteste mon reflet. Je ne l’aimais déjà pas avant. Alors après, ce ne fut qu’une suite logique. Ce qui est le plus étrange dans tout cela, c’est qu’il reste des personnes qui ne vous connaissent pas ou vous connaissent à peine pour vous dire que ce que vous décrivez de vous, ce que vous savez de vous n’est pas vrai. Ils ont l’âme généreuse. Ils ont l’âme ignorante. Ils ont l’âme que je n’ai pas pas. Que je n’ai plus. Que je n’ai jamais eue, sûrement.

Je vais te faire une confidence. J’ai été amoureux d’elle. J’ai été amoureux de lui ou d’elle. J’ai été amoureux de l’idée que je me faisais de nous. Je l’ai été. Et à un moment. Il n’y a eu plus rien. Je suis incapable de dire exactement ce qui s’est passé. Ce que je sais, c’est ce que j’avais en moi. Peut-être crois-tu que dit comme cela, cela rend les choses plus limpides, plus évidentes mais il n’en est rien.

Je vais te faire une confidence. J’aurais voulu aller jusqu’au terme. Je n’en avais rien à faire des circonstances, du contexte, de la “manière de faire”. Pour moi, ce qui comptait, c’était qu’il ou elle soit… un truc palpable, un truc vrai. Je m’en fichais que ce soit issu du scénario le plus improbable.

Et puis… ça ne s’est pas fait. Il y a ces mois de rien. Ces dialogues de sourds. Cette imagination au pouvoir pour remplacer les faits. Je me suis battu contre elle. Pour ne pas imaginer les choses. Pour juste être conscient de ce qui était arrivé. Même si je devais pour cela marcher sur la tête, j’étais prêt à encaisser. De tout temps, j’ai été le “grand frère”, celui mange avant les autres. Celui qui défriche le chemin. Je suis toujours un peu fichu comme ça… Tu le sais bien. Et si tu ne le sais pas… Tu vas te dire au moment tu vas lire ces lignes que c’était évident.

Je vais te faire une confidence. C’est que ce qu’il fallait que j’accepte, je ne l’ai jamais accepté. J’ai essayé pourtant. Je l’ai appelée, un an après à la naissance de son premier. Ce fut comme si, je n’avais rien fait. Et puis… Il y a eu toi… et elle. Je ne sais pas ce qui s’est passé courant du mois de mai. Je sais juste qu’au moins un soir… J’étais là. Je n’ai sûrement pas su être à la hauteur ou bien ce n’était pas le moment. J’ai souvenir d’une réponse de toi comme quoi c’était un peu ça : “ce n’était pas le moment, ce n’était pas l’endroit”. J’ignorais à l’époque totalement ce que la réalité de ces mots recouvrait. Je me rappelle juste que j’étais bien cette nuit-là. Que j’étais inconscient sur ce que l’avenir pouvait nous réserver. De toutes les personnes qui pouvaient comprendre. tu étais sûrement la dernière à laquelle j’aurais pu penser. Cela n’avait rien à voir avec ce que je pouvais penser de toi. C’était rapport au contexte. Comment peut-on comprendre quelqu’un qui fuit ?

J’ai fuit la réalité : c’est un fait. Je la fuis encore. Mais au delà de ça… Je suis devenu conscient. D’autres vont dire que je suis devenu psychotique. Je m’en fiche. Elle était là. Tu étais là. Ca me suffisait. Je ne pouvais pas te demander la lune, cela aurait été indécent. Et puis il y a eu le reste. La suite des épisodes. Une espèce de roman feuilleton.

Je vais te faire une confidence…. Mais je ne sais pas laquelle. J’ai retourné la terre, défriché les arbustes qui auraient pu faire de l’ombre. J’ai taillé les rosiers pour qu’ils aient moins d’épines mais même après cela, je ne sais pas. Je voudrais te dire que l’idée que tu te fais de moi est fausse mais la vérité est que j’ignore ce que tu penses. T’es peut-être la dernière personne sur cette terre dont je suis incapable de prédire le moindre geste. T’es peut-être aussi la dernière personne qui puisse vraiment avoir une influence sur moi. Tu “as” des choses “qui m’appartiennent” même si tu ne le sais pas. Je ne veux pas que tu les gâches ou que tu m’en prives même si je sais que si tu le fais, tu n’en auras peut-être même pas conscience. Alors tu vois… Il n’y a pas vraiment de question dans ce qui peut m’interroger encore. Ce n’est pas une sorte d’intersection où l’on doit choisir d’aller à droite ou à gauche. C’est plutôt une sorte de grand rond point avec je ne sais combien de branches.

Et je vais te faire une confidence… J’ai peur tu sais…. De la direction que tu vas prendre. De ce que tu vas m’enlever… Aussi dérisoire que cela puisse être dans ta tête, tu m’as donné des choses. Et c’est ça qui fait que tout peut basculer.

Laisser un commentaire