En désaccord de l’air qui nous nourrit des âmes en déshérence de l’envie, du luxe dont l’animal nous a laissé la trace. La transe nous saisit par delà cette solitude, cette vie que l’espoir a décoré de fleurs de papier pour qu’elles brûlent mieux aux premières lueurs d’un jour qui s’est un instant levé. La musique bruyante de toutes ses résonances que l’on croyait enfouies sous le bazar désordonné des déceptions et des amours ratées nous remplit d’un sentiment plat. Une mélancolie douce qui a oublié les passions dont elle s’est fait naissante. Il n’y a rien, aucun horizon, aucun perspective. Tout est calme autant que tout est prêt à bondir ou bien prêt à disparaître. Un peu comme le condamné qui s’avance devant le peloton d’exécution. Il sait l’avenir et il ne peut s’empêcher d’y penser comme la chose la plus terrifiante et comme le moment où interviendra sa libération. Il se fiche bien du jugement des autres, eux qui se sont rendus coupables de l’avoir conduit là, devant le billot. D’aucuns penseront à l’expression d’un égoïsme latent qui ne manquera pas d’éclater, même à la dernière seconde. Mais personne n’aura la clairvoyance de reconnaître la symbolique ultime de cette abnégation, de cette allégeance au coeur plutôt qu’à la raison. Ils chercheront le pourquoi au lieu de comprendre le comment. Ils penseront de lui que c’est la fin alors que ce ne sera qu’une délivrance. La délivrance d’un monde fichu d’une mélodie où le défaut en est son harmonie. Et quand bien même certains se relèvent parfois pour ne plus être à genoux, on leur coupe les bras des fois qu’ils puissent effleurer le ciel.
Mais tout cela n’a guère d’importance car vous aurez perdu la mémoire de cela dès demain, inquiets de votre propre existence qui vous semble avoir une valeur et que vous continuerez en vain de chercher.