Sans importance… ou presque.

« Comment vont les nièces ? »

« Oh, ça fait un petit bout de temps que je les ai pas vues mais elles ont d’aller bien… »

Discussion banale avec la coiffeuse. Ma coiffeuse habituelle est en congés, c’est sa collègue qui a pris le relais. Elle discute avec moi avec des sujets qu’elle a entendus et dont j’ai parlé avec A… au cours de mes précédentes visites.

Oui, ma coiffeuse, c’est une amie au final. Il manque juste la régularité et peut-être, un jour, quelques entrevues en dehors du salon. Ça fait des mois qu’on parle de choses et d’autres, et qu’on aborde même des sujets qu’on n’aborde pas normalement… Pas pendant une coupe de cheveux, en tout cas. Mais bon, c’est comme ça.

Je bifurque sur la préparation des cadeaux de Noël. Je sais, je ne suis pas en retard. Elle me donne deux ou trois idées. Elle se dit même experte sur le sujet. Cela me fait sourire et en même temps, je veux bien la croire.

« Et votre sœur… Elle vous demande jamais quand ce sera votre tour ? »

« Comment ? »

Elle hésite puis elle reprend :

« J’ai bien compris que cela a été compliqué avant… Mais, c’est à votre tour maintenant. »

« Non, elle ne me demande jamais. Je crois qu’elle s’est fait une raison. »

« Pourquoi ? »

La discussion devient glissante d’un seul coup. Je ne suis pas certain qu’elle en soit consciente. En même temps, la chape de plomb se met en place dans la tête. Je n’ai pas envie de parler de cela. Je cherche un échappatoire

« De toute manière… »

Elle me regarde l’air interrogateur.

« Il y a une première étape à passer avant tout le reste. »

« C’est sûr. »

Elle comprend sans comprendre. A cet instant-là, je sais qu’elle est en train de se raconter une histoire pour expliquer mes mots. Elle ne va pas me demander. Et elle va imaginer. Et puis elle le racontera à sa collègue et de là va naître je ne sais quoi.

Ce que je sais, c’est que ce « je ne sais quoi », il me faudra le démonter la prochaine fois. Non pas que cela ait une importance primordiale mais juste parce que son imagination aura fait naître un malentendu ou une contre-vérité.

Je ne lui en veux pas. Tout le monde le fait. C’est comme ça que se créent les « légendes ». Ce qui me préoccupe surtout, c’est le fait de ne rester qu’à traiter cette fichue surface qui rend les relations entres les personnes complètement superficielles et erronées.

« Et donc ? »

« Je ne sais pas… On va dire que j’y travaille. »

Elle sourit.

« Gel ou cire ? Rien ? Elle fait quoi A… d’habitude ? »

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