Je préfère mettre mon chandail par dessus

Il n’y a rien. Il n’y a pas de mystère. Vous pouvez chercher la raison, poser autant de questions que vous voulez, obtenir toutes les réponses possibles et inimaginables, vous ne saurez jamais. Vous resterez dans l’ignorance, celle des gens encore en vie.

Alors je ne fais plus partie des vivants. Ce n’est pas moi qui l’ai dit. C’est une connaissance. Je ne sais même plus trop comment on n’en est arrivé là dans la conversation. Ce devait être au cours d’une soirée, autour d’un verre. J’ai dû me prêter au jeu de laisser échapper deux ou trois phrases parce que le sujet avait bifurqué sur « mon cas ».

Je n’aime pas cela mais je ne recule pas non plus. Au pire, j’esquive pour éviter de parler de choses dont je n’ai pas envie et surtout qu’il ne faut pas.

Il y a beaucoup d’endroits qui se sont transformés au fur et à mesure des années, auxquels j’ai accroché des sortes de tabous pour ne plus y mettre les pieds ou au moins les reconnaître lorsque je me présente à leur porte d’entrée.

Je suis certain que la phrase n’était pas sérieuse, c’était une boutade, l’expression d’une certaine vivacité d’esprit mais elle a résonné en moi. J’ai rencontré un miroir, l’espace de quelques secondes et j’ai dit oui.

Un peu pour dire qu’il y avait sûrement un fond de vérité. Un peu pour dire qu’il n’y avait plus grand à dire.

Il n’y a rien. Ça ne répond pas à la curiosité. Comme si l’intérêt ne pouvait se porter qu’en englobant le passé. Mais non. Ce n’est pas intéressant. C’est juste particulier.

Il n’y a pas de mystère. Juste une vie qui s’est déroulée comme toutes les autres. Des bleus, des bosses, des cicatrices. Mais comme certaines personnes, je préfère mettre un chandail par dessus.

Ce n’est vraiment pas très compliqué.

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