Comme des gosses de trente ans

A l’heure où seul l’un peut te prendre dans ses bras
A la seconde où, par deux, on pianote cet air
en s’emmêlant les doigts, on fume cette cigarette
on se regarde comme deux corps qui l’ont fait
comme deux amants dont le drap aurait été défait
on a les yeux de ceux qui n’ont pas été là
de ceux qui ne comprennent rien à ce qu’on enseigne pas
A l’heure où l’on pourrait être deux
on se fout que l’autre s’écarte un peu
fasse l’âme morte le sourire de pirate aux lèvres
on pourrait lui parler en anglais peut-être en chinois
ôter la ligne qui s’esquisse trop bien dans son angle trop mièvre
on se fiche de nos souffles mielleux tant qu’on s’enfiche
et qu’on a rien trouvé de mieux
depuis la nuit des temps
depuis cette nuit où l’on s’est dit tant de choses
sans se le dire vraiment

On le sait bien finalement
Qu’on n’a pas cent ans
Qu’on joue à cloche-pied
Comme des gosses de dix ans

Et même, si dans la cour, on entend ses cris
On la voit courir, pleurer et sûrement rire
Battre des mains, pointer d’un doigt rageur
Les oiseaux quand ils s’envolent
Elle saura tout un jour
Même si ce matin
Elle ne sait rien

Croira-t-elle à nos vérités
A ces demi-mensonges
Qui n’auront duré que l’espace d’un seconde
et qui cachent nos défauts pour l’éternité

On le sait bien finalement
Que l’on n’a plus d’alliance
Que l’on marche sur les fées
Comme des gosses de trente ans

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