J’ai marché dans tes rues

J’ai marché dans tes rues comme je jouais dans les rochers
Comme j’ai dessiné des plages au pied des peupliers
D’une rivière sans peur qui rêvait de charrier
Les tonnes de gravier où l’on voulait dormir
Qu’importe si nos orteils allaient s’égratigner
Sur le fil des pierres qui t’habillaient d’avenir
Des souvenirs sans terre, sans mer pour les ramener
Là où se meurent les vers qu’on s’empresse d’écrire
Comme si les heures manquaient,
Comme s’il ne fallait s’y fier
Nous étions comme nos pairs
Comme des viandes avariées
Comme des caches misère
Assis sur le strapontin
D’un métro, d’un RER bondé
Où plus aucune station
N’a le goût de mouiller
Dans l’entre-deux d’un pont

J’ai dessiné un arbre, les frontières d’une nation
Des branches où l’on palabre
Une liberté factice, un bonheur de fiction
J’y croyais dur comme fer
Comme le faire était presque de saison
Alors fallait marcher, courir
Oublier que le sable remplissait nos godasses
Que l’enfer, c’était de mourir par contumace
Et pas de vivre par procuration
Nous étions nos leitmotivs, nos obsessions
L’océan qui cache la falaise
Où tant de navires trouveront
Un piano au corps de glaise
Une poupée de chiffon
Qu’importe si l’anglaise
Invente des raisons

J’ai marché dans tes rues
J’ai perdu mes papiers
J’ai choppé l’exception
J’en ai fait une chanson

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