Son grand soir à main levée

Marin d’eau douce
Devant ses yeux immenses
Il est parti un soir
Loin de ce pays de mousse
Qu’on appelle l’enfance
Là où le vide pousse
Quand on oublie de voir
Que l’innocence est rousse
et brûle à l’encensoir
du cœur et de ses frousses

Il est parti hagard
Quand la nuit est tombée
Quand l’ombre du grand soir
S’est écrite à main levée
Sur des pages d’encre noire
Où l’on lisait le gré
Des aléas sans veine
Ni main pour les tourner
Perdu derrière la scène
Sans texte à débiter

Capitaine du néant
D’une tendresse qui le saigne
Qui s’accroche au gréement
Dénudé de la reine
Qu’il mettrait à l’avant
Des années sans étrennes
Au mot triste du vent
Il s’invente l’amant
Dans un ciel de traîne
Pour faire de ce semblant
La beauté des prochaines

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