On tombera du fil un jour ou l’autre

Tu vas me dire qu’il n’est plus temps de parler de ça… Tu vas me dire qu’il est inutile d’y revenir, que ça ne changera rien. Mais tu vois, toi aussi, tu t’en rends compte que tu sais ce que je vais faire que ça ne va pas te plaire et que pourtant tu seras incapable de m’en faire une scène parce qu’au final, c’est comme ça… Qu’il n’y a pas d’enjeu que celui d’entretenir un rapport qui n’existe plus. Parce que c’est vrai… Ca n’est plus fait pour te séduire alors que tu détestes cela. C’est juste un geste, une manière d’exprimer quelque chose qui va au-delà. Au delà des rapports d’hier, présents et futurs. Tu arrives même à en sourire parce qu’au final, tu réalises que ça t’est égal ou presque.
La vie est bizarrement faite, tu ne trouve pas ? On inverse les rôles, on passe son temps à se rater mais au final, on ne s’est jamais autant parlé. Ca donne des choses un peu compliqué à gérer juste parce qu’on cherche encore à quoi ça correspond, si y a un plan, un mode d’emploi, un truc qui nous dirait que c’est une situation tout ce qu’il y a de plus banal. Si je trouvais les mots, je crois que je serais capable de te l’avouer. Que je cherche le plan aussi… Mais y a l’autre partie de moi, qui me dit que nan. Il ne faut pas. Que si la table doit être bancale, ça doit rester ainsi… Si tu veux mettre quelque chose dessus, faudra que tu penses à remettre toujours la petite cale si tu ne veux pas que tout te tombe dessus. Et puis, c’est vrai que c’était plus pratique quand on ne comptait que jusqu’à deux. Compter jusqu’à trois… Moi, je ne l’ai jamais fait. Je n’ai pas pu. On ne m’a pas demandé mon avis. Et toi, cela a été comme un miroir… Ou plutôt un négatif. Je compte à trois en comptant sur tes doigts. Bientôt quatre. Et toi tu retranches deux… Ca pourrait presque ressembler à de la mathématique mais au final, ça n’a rien à voir. J’emmêle de mots et d’idées pour faire mes lacets à double nœud et pouvoir marcher sans craindre de perdre une basket. Ca tient pas à grand chose, ce jeu d’équilibriste. Un jour ou l’autre, on tombera bien du fil, c’est sûr. Mais comme dit l’autre : « L’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage »*

* La Haine (Mathieu Kassovitz)

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