Et se jeter à la mer.

Il est là. Elle le sait. Il était là avant. Il sera là après. Avant elle. Pendant elle. Après elle. Après elles aussi. Dans un monde borné, elle avait appris les frontières. Mais lui, n’en avait pas. C’était comme s’il s’amusait de cela. De n’être jamais où on l’attendait. De ne jamais rien réclamer. De ne faire que subir.

Elle croyait qu’elle pouvait le rendre rebelle. Qu’il pouvait la rendre belle en la poussant dans ses contradictions. Mais ce n’était pas comme cela qu’il l’aimait. Il l’aimait pour ce qu’elle était. Pas pour ce qu’il imaginait qu’elle serait ou qu’elle pourrait être. Impossible de se projeter. Elle se trouvait nez à nez avec elle-même avec cette lourde charge sur les épaules de s’accepter comme elle était.

Elle croyait que c’était le lendemain qui comptait, pas l’aujourd’hui. Mais lui s’en fichait du demain. Pas de projet, pas de rêve, pas de but à atteindre. On ne parlait pas d’avoir un bébé. On ne le prévoyait pas pour septembre ni pour janvier… Ca arrivait ou ça n’arrivait pas. Même dans le doute de l’origine des choses, même cela, il n’y avait pas de position de principe. C’était juste facile. Il suffisait de dire ou pas. De continuer à dérouler son film. Lui, ne bronchait pas.

Il est toujours là. Même après la guerre où il n’était pas. Il ne demande rien. Pas de troc, pas de monnaie de singe… C’est elles, l’enjeu… Elles à cet instant t. Et si demain, il n’y est plus, il n’y aura rien à pleurer. Et si demain, il est de nouveau là, il n’y aura rien à fêter. C’est la vie qui s’écoule et qui se heurte sur les pierres avant de se jeter à la mer.

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