On craint moins les coups de vents

Je ne me rappelle plus la première fois où j’ai commencé à raconter notre histoire, quand est arrivé ce moment où j’ai réussi à mettre des mots sur ce qui s’était passé. Bien sûr, le plus compliqué à expliquer, c’est la transition en notre première partie, la pièce intermédiaire et cette seconde partie. Je sais, ou plutôt, je pense, que tu n’y crois pas vraiment ou peut-être plus exactement que tu imagines assez mal comment ça pourrait le faire. Quand tu essaies de classer les choses : le bien et le mal, tu ne me classes pas particulièrement dans la classe du bien. J’ai une certaine morale qui sort de tes valeurs. C’est aussi ce que tu aimais bien au début et que tu aimes peut-être encore, qui sait.

C’est risqué d’écrire, tu sais ? C’est dangereux d’exposer ce que les autres n’exposent pas. Ce n’est pas tant le fait d’arriver à écrire qui fait craindre quoique ce soit, c’est juste que, quand on écrit, on laisse une trace, on laisse des mots qu’on ne peut plus effacer. Quand on n’écrit pas, il n’y a que les paroles, les images et ensuite, tout se délite petit à petit et l’on refait le souvenir après, on le modèle à la manière que l’on veut. Quand c’est écrit, on n’a pas cette possibilité. Tu es bienheureuse finalement de n’avoir jamais consigné sur le papier ce que tu as pu penser et même ce que tu peux penser actuellement. C’est pratique. Ca permet l’infidélité sans en garder les indices.

Je ne dis pas que tu es infidèle ou que tu as été infidèle envers qui que ce soit, cela serait complètement aberrant de ma part et d’une incohérence totale. Ce que je dis, c’est que le silence sauvegarde les apparences. Pour les autres comme pour soi. Je veux dire…. Quand tu écris, tu te prends en photo toi-même et c’est cette photo qui va continuer à être visible pour te rappeler sans cesse ce que tu étais à cet instant-là. Parfois, ce n’est pas évident à garder, à assumer. Mais “assumer” en réalité, c’est juste que l’on se fait une montagne d’une chose qui est pourtant évidente : on “est” au présent, on ne juge pas nos actes constamment avec le mètre du raisonnable, de la morale, ni même de la justice.

Dans tous les cas, il faut dépasser tout ça. Toi qui sais ce qui s’est passé pour toi comme pour moi, entre nos deux “mouvements”, tu maîtrises bien la raison du pourquoi, je l’affirme.

Aimer sans forcément séduire. Vivre et avancer. Savoir qu’on a quelqu’un à ses côtés qui n’est pas là pour notre seul plaisir mais pour le sien aussi. Savoir aussi qu’à tout cela s’amalgame une certaine nécessité.

En effet, on n’a pas vraiment changé nos rêves d’enfants, c’est juste qu’en grandissant, ils nous paraissent presque à notre mesure. Bon, le pull est parfois un peu trop grand mais vu qu’il a notre odeur, on craint moins les coups de vents.

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