Là où le « nous » ne nous pose pas de question

Je ne suis qu’un mirage, un effet d’optique, un jeu de lumières, un feu d’artifice sans bouquet final et sans son. On me dit que ce que je fais, je le fais avec plein de passion. On me prête de l’ambition, une certaine prétention.

Mais toi, tu le crois ? Je ne suis qu’une illusion. Je suis un chiffre, le résultat d’une équation. J’en comprends chaque variable, la géométrie des courbes, l’espace et ses distorsions. Je sais tendre à l’infini dans cette dimension.

Et après ? Derrière ces lignes droites, cette mathématique froide et sans frisson, faut-il que je souris pour tenir le mensonge, tenir vos rêves à bout de bras, éviter de regarder en bas pour voir que je touche le fond ?

J’imagine que mes mots s’en vont au vent, qu’ils s’oublient eux-mêmes à mesure qu’ils s’inscrivent et qu’ils se perdent dans l’océan des conversations.

Je ne suis qu’un nuage, un moment de réflexion. Je n’ai rien à offrir qu’une vie qui défile, qui dévie sur chaque pierre et change de direction : sans raison.

Tu pourrais y mettre un sens : celui que je te renverrai en miroir et qui filera droit vers tes envies ou tes déceptions. Je ne cherche ni ma couleur complémentaire, ni l’âme à mon âme fusion…

Je ne cherche qu’une compagne, une carte au trésor avec la flèche en pointillés et la grosse croix tracées au crayon. On s’en fout qu’il existe ou qu’il n’existe pas, du moment qu’il nous emmène quelque part où le “je” s’oublie et où le “nous” ne nous pose pas de question.

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