A ses côtés [reprise] (3)

Décembre 2005

“Il y a une sortie sur Paris organisée par le comité d’entreprise… Tu ne veux pas y aller ?” me demanda Sarah.

Sarah, c’était l’assistante du service, une espèce de Moneypenny au coeur brisé par tous les James Bond qu’elle avait pu rencontrés dans sa vie.

“Non, je ne crois pas… Tu sais bien que je déteste cela, ce genre de sortie…”

“Dommage…”

“Dommage de quoi ?”

“Dommage de rien. Juste qu’Audrey y va, elle.” fit-elle en détournant la tête.

“Audrey ?…”

“Oui. Audrey…” fit Sarah en levant les yeux au ciel.

“Tu sais, Audrey… La fille de la machine à café… Youhou… Tu te rappelles…”

“Ah… Audrey… Elle…”

Sarah me regarda droit dans les yeux.

“Tu sais que… Tu n’es pas croyable, toi ?”

“Et pourquoi donc ?”

“Parce que tu me parles d’elle depuis deux semaines, je t’ai donné son nom et tu n’es pas fichu de t’en rappeler… Tu es vraiment grave comme mec !…”

J’haussai les épaules.

“Ce n’est pas de ma faute si j’ai une mauvaise mémoire et que je ne retiens pas les prénoms…”

“A d’autres… Je sais très bien que tu es parfaitement capable de te souvenir de trucs autrement plus complexes. Mais là… Je ne sais pas, c’est comme si tu le faisais exprès… C’est pas possible…”

“Je te jure, Sarah… Je ne le fais pas exprès. Je n’arrive tout simplement pas à associer le prénom à son visage… Ce n’est pas un drame…”

Sarah poussa un soupir.

“Non. Je confirme. Ce n’est pas un drame sauf si… Tu veux sortir avec elle dans un avenir plus ou moins proche…. Je dirais d’ailleurs, assez lointain tant que ton petit cerveau n’aura pas imprimé ce fameux prénom….”

Je laissais passer un silence… Et je finis par repondre.

“Sauf que je vois un élément qui ne va pas dans ton raisonnement, Mademoiselle…”

“Et lequel, Monsieur ?”

“Je ne t’ai jamais dit que je voulais coucher avec elle…”

“Moi non plus.”

“Moi non plus quoi ?”

“Je t’ai dit sortir avec elle et jamais coucher avec elle…”

“J’ai dit coucher ?”

“T’as dit coucher.”

“Ouah… Euh… Je pensais sortir… Bien entendu…”

“Bien entendu. Mais bon… Ca reste un lapsus révélateur…”

“Je t’interdis de penser ça !…”

“Oh, je n’ai pas besoin de penser ça… Je ne fais que constater, moi.”

Je soupirai pour exprimer mon exaspération.

“Et donc je fais quoi ?”

Je fronçai les sourcils.

“A propos de quoi ?”

“Je te prends une place ou pas ?”

“C’est quand ?”

“La semaine prochaine, grand bêta… Je te rappelle qu’après… C’est Noël puis le Jour de l’an…”

“Bah vas-y… Prends-moi une place…”

“Je croyais que tu n’étais pas intéressé.”

“Si si… En fait, j’adore les spectacles de cabaret…”

“Oui mais bien sûr…. Et la marmotte…”

“Rooh, tu vas pas recommencer…”

“Je recommence rien, juste pour ta gouverne… Je ne fais que constater ton côté pathétique. Mais bon… Tu n’es qu’un mec après tout. On ne va pas te demander de faire des miracles…”

“Ca, c’est mesquin.”

Sarah me lança un grand sourire.

“Oui, je sais. Mais tu vas me remercier. Au final, j’ai réussi à te faire changer d’avis. Et d’ailleurs, je ne comprends pas qu’avec mes talents, tous les mecs ne me mangent pas dans la main. Le monde est vraiment mal fait, je trouve…”

“Surtout pour toi…”

“Ca, ce n’est plus mesquin, c’est méchant, Monsieur. Raah… Je te jure… Il va falloir que je t’apprenne encore plein de choses avant le week-end… Sinon, on court à la catastrophe nucléaire…”

[…]

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