Car ça en vaut vraiment la peine.

Un jour, quand j’aurais trop bu, quand je n’aurais plus aucune frontière, je saurais te dire la vérité. Elle n’a rien de glamour, ni de romantique à moins que la mort puisse avoir quelque chose de séduisant. J’ai toujours fui mais je crois que je n’avais pas peur sauf de moi-même. Cette vérité, je l’ai déjà partagé avec elle. Tu sais, elle… Oui. Sauf qu’elle n’était pas là pour entendre ni même m’écouter. J’ai partagé la chose la plus intime de moi-même avec la seule personne qui n’était pas prête à comprendre, dont les démons étaient tels qu’elle n’avait aucune chance de pouvoir saisir l’importance de l’aveu. Il est des jours qui sont ironiques. Dans le silence, on finit par l’ignorer. Je ne cherche pas d’excuse, ni même à me faire pardonner d’une quelconque faute, d’une quelconque parole déplacée. Je veux juste quelqu’un avec qui j’aurais suffisamment confiance pour partager. Des torts, j’en ai. Cependant, je ne veux pas en être comptable. Je ne veux pas être redevable envers quiconque. Je ne veux pas déplacer la peine, ni les larmes sur le dos de quelqu’un d’autre dont le seul rôle dans l’histoire serait d’être celui ou celle qui porte tout sur ses épaules. Je l’ai déjà dit mais, à dix-sept ans, on n’a pas la même conception de la vie que l’on peut avoir après. On croit à deux choses et à deux choses opposées et absolues. On croit que chaque décision que l’on prend, fera ou ne fera pas de nous quelqu’un de bien de manière irrémédiable. Et l’on croit aussi que l’on est immortel. On ne croit pas au poids des mots et des gestes. On se dit que l’autre est un peu comme nous. Il a cette inspiration vers l’absolu, la perfection, l’inéluctable mais que rien ne viendra le briser. On croit que tout est littérature. “O Capitaine, mon Capitaine”… et tout le reste, tu vois ? Et puis, voilà qu’on se traîne cette histoire qui nous enseigne que le coeur comme la tête ont des limites. On ne peut pas comme dans l’effet papillon, modifier nos souvenirs et que d’un seul coup, l’histoire va se raconter autrement. Non. Ce n’est pas comme cela que ça marche. La mémoire est une tare. C’est un boulet que l’on se traîne et c’est encore pire lorsqu’on a pris l’habitude de l’écrire. Je me suis aperçu de cela, figure-toi… Sauf que je n’ai jamais voulu changer quoique ce soit. Au moment où j’ai réalisé que je pouvais oublier, j’ai rencontré le seul événement de ma vie que je ne voulais en aucun cas effacer… Je l’avais tellement imaginé, rêvé, conçu et préparé que le jour où il s’est déroulé, pas comme je l’aurais voulu…. Je me suis rendu compte que rien ne pouvait remplacer la réalité. Même si la douleur est insupportable, on ne veut pas revenir dessus. Ce n’est pas question d’être masochiste, d’être rebelle envers l’ordre naturel. Non, rien de tout cela. On se rend compte seulement qu’on est vrai que lorsqu’on est poussé à l’extrême. Qu’on peut être fier de nous-mêmes que dans le fait qu’on n’a rien accepté. J’ai des doutes quant à ce que tu puisses comprendre cela mais tu ne m’en voudras pas parce que tu en as autant à dire pour moi-même : c’est la magie de l’être et son insupportable aveuglement. Alors oui… Je sais qu’un jour, le dépassement de ma limite fera que je serais faible et complètement honnête envers toi. Mais je sais aussi qu’à ce moment-là, tu seras tellement accaparée par l’obsession de toi-même que tu ne le remarqueras même pas. C’est triste peut-être… Mais c’est ce qui fait notre humanité. Alors. Tu devrais vraiment sourire et m’embrasser… Car ça en vaut vraiment la peine.

Laisser un commentaire