Je n’ai jamais été autre chose qu’un mensonge. C’est toujours un peu difficile à dire mais au final, c’est toujours libératoire. Je sais qu’il y a des gens qui ne voient pas la nécessité de le dénoncer car, de la falsification de la vérité, ils ont réussi à obtenir ce qu’ils voulaient. Je comprends parfaitement cela : ce n’est pas là que se trouve le problème. Après tout, les gens sont des êtres humains ordinaires au même titre que vous ou même que moi. En fait, je crois que personne n’a vraiment de légitimité pour édicter ce qu’est le “droit chemin”. C’est juste un concept complètement ancré par rapport à nos repères propres. Alors si on part de ce constatation, comment peut-on arriver à la notion d’un chemin qui serait mieux que les autres ? Il faut être honnête, ça ne tient pas debout. Je ne crois pas aux personnes qui se croient bien : c’est juste une histoire qu’ils se racontent pour se sentir bien. On ne retient que ce que l’on veut bien retenir : c’est simple et efficace. On oublie ces instants où l’on a été dans le trouble où l’on a broyé l’autre pour parfaire le mensonge dans lequel on se sentait le plus à l’aise. On n’est pas heureux, on veut l’être et on essaie de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour repeindre cette maison dans laquelle on est enfermé aux couleurs de ce bonheur dont on a une vague idée. Pourquoi, comment, ce n’est pas vraiment des questions qui valent la peine de se poser. Je divague et j’ai l’impression que je me pare de grands concepts pour énoncer, pour décrire une réalité qui ne l’est pas. J’ai une excuse. Sûrement pas la meilleure. Tout cela n’a tellement pas de sens en fin de compte que c’est flippant. Alors on se protège. Nous, je veux dire, nous-mêmes, les personnes auxquelles on tient et les autres qu’on peut attraper au passage. Après on n’a tellement peu d’emprise que ce serait juste du délire que de prétendre le contraire. Il m’est arrivé de rencontrer des personnes qui se croyaient au dessus de tout cela. Elles l’assumaient, ou pas, mais elles avaient ce que je nomme le complexe de supériorité. Au fond, ce n’est pas quelque chose de très difficile à décrypter. C’est juste une transformation des événements d’une vie en éléments qui s’enchaînent pour s’emboiter dans une logique parfaite et sans faille où l’élément central est “vous”. Tout le monde a expérimenté cela : en conscience ou bien de manière totalement involontaire. Cela agit un peu comme un réflexe. Un réflexe de survie. Quand je parle de survie, je ne parle pas de la notion de vie ou de mort au sens littéral du terme. On peut très bien mourir dans la réalité mais être vivant pour ceux qui restent. Tout cela n’est que le résultat de l’empreinte sensible, émotive que vous leur avez laissée. J’ai mis un certain temps à le réaliser à titre personnel. Très tôt, j’ai été confronté à mon insignifiance. Celle qui était inscrite dans mes gènes mais aussi celle qui était gravée en moi. Je n’ai pas beaucoup de souvenir de mon enfance mais je sais que certains épisodes ont été “traumatisants” et au final, ont guidé le reste de ma vie que je le veuille ou non. J’aurais très bien pu me battre contre cela mais il y a une différence entre être conscient d’une réalité et s’y confronté. C’est cette dualité qui fait ce que l’on a l’habitude d’appeler notre personnalité. On l’oublie peu à peu à mesure que les années passent et atténuent notre capacité à se révolter contre elle. Je ne suis ni une encyclopédie, ni une sorte de wikipedia new age pour énoncer l’ensemble des écrits et autres articles qui parlent de cela. Cependant, je peux affirmer sans peine que nombre d’écrits plus ou moins autobiographiques et autres récits de fiction sont centrés sur ce point précis. Ils ne s’affichent pas en tant que tels mais dans le fond, cette dualité est la source de leur inspiration. Les gens douées avec leurs “plumes” savent de quoi, je parle. En général. Elles savent que cette insignifiance est le fondement même de leur existence. Elles s’affirment parce qu’elles doutent de leur sens. Il y a une correspondance entre sens et réalité. Subjectif. Comme en astronomie où l’on détecté par calcul la présence d’une planète par sa masse alors qu’on ne peut l’observer.