2006

Que s’est-il passé en 2006 ? C’est l’année où je suis devenu « bizarre ». C’est ce que je lui ai répondu. Ca fait bientôt plus de dix ans que tout ça s’est passé et c’est tout ce que j’ai trouvé pour m’exprimer sur le sujet. Je n’ai aucune idée sur ce qu’elle a pensé, sur ce qu’elle a imaginé avec une explication comme celle-ci. La seule conclusion que je peux en tirer : je ne suis pas « guéri ». Je suis encore incapable de mettre des mots sur cette histoire. Ce n’est pas comme cela qu’on peut avancer, je le sais mais si cela ne tenait qu’à moi, vous savez, je crois que j’aurais tourné la page depuis longtemps. Mais cela ne concerne pas « que moi ». Si j’appliquai la règle qu’il n’y a que ceux qui restent qui ont de l’importance, sûrement que je serais ailleurs, un sourire sur les lèvres et la béatitude des gens « heureux » qui se reflète au fond de mes yeux. Mais. Il y a un « Mais ». Avec un « M » majuscule. Je crois que personne ne peut se représenter ce qu’est ce « Mais ». Cela va au-delà de la compréhension ou même de la compassion. En 2006, on m’a arraché ce qui faisait de moi un être humain. Une personne que je ne citerai pas, a essayé d’en faire « fi ». Mais la propension de l’être humain à se protéger lui-même en premier lieu a eu raison de cet élan altruiste. Je ne me faisais aucune illusion sur la conclusion. J’avais juste placé mon espoir et non mes croyances.
Beaucoup diront que je ne fais que jouer sur les mots et que ce n’est qu’une manière de plus pour trouver des excuses. Peut-être. La seule que je peux leur mettre devant le nez, c’est la question suivante : « quelle est la valeur d’une vie humaine pour toi ? ». Est-ce que c’est quelque chose qu’on peut balayer d’un revers de main pour vivre un bonheur égoïste empreint d’intentions qui visent à la rédemption ?
On parle souvent de « pardon ». Il faut pardonner. Mais « se » pardonner, c’est autre chose. Je voudrais pouvoir le faire. Je voudrais pouvoir sourire et rire comme tout le monde sans avoir en musique de fond, cet abandon. Je n’ai rien compris à l’époque. Je n’ai pas compris pourquoi les choses m’avaient aussi mal et pourquoi je me suis réfugié dans ma prison mentale.
Mais je vais vous dire. Quand chaque matin, chaque heure, vous avez ces instants passés avec la progéniture des autres, que vous avez apprécié, même si c’est à contre-cœur, ces sourires, ces rires et cette tendresse qui ne demande aucune contre-partie, vous n’avez pas ce qu’il faut pour vous dire que vous n’y êtes pour rien et que vous avez ce qu’il faut pour être digne d’en profiter.

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