Je t’apprendrai à faire le poirier…

Elle m’a dit que pour moi, le fait d’être ce que je suis avec toi, c’était quelque chose à rapprocher de l’inné. Un truc qui est naturel et que je n’ai pas besoin d’aller chercher au fond de moi-même pour le mettre en « vitrine ». Elle a peut-être raison. Elle a sûrement raison. Sauf que moi-même, je me surprends en réalité. En fait, ce qui transparaît comme quelque chose de naturel, ce n’est pas comme cela que cela se traduit dans ma tête. Certes, je ne cherche pas mes gestes, je ne tremble pas quand je te prends dans mes bras, quand je te fais tourner la tête, quand je te fais faire le poirier. Je ne cherche pas mes sourires quand tu me tombes dessus et tu ris à grands éclats. Je ne me pose pas de questions quand je te rattrape de justesse avant que tu ne tombes. Je ne sais pas. Je le sais. Et c’est cela qui est troublant.
[…]
« T’en as encore envie ? T’as envie d’en avoir qui sont les tiens ? »
Pas de réponse. J’ai le regard qui fuit. Je souris bêtement.
« T’es pas obligé de répondre. Si tu le sens pas… »
Si si… Je vais te répondre. Mais si je te fais la vraie réponse… Tu feras quoi ? Bien sûr qu’il y a l’envie. Mais y a ce « ça » qui est toujours coincé.
« J’ai toujours peur. »
Tu as ce sourire de compassion. Je sais pas bien dire s’il n’est pas teinté de déception aussi. Ca ne change peut-être pas grand-chose, mais c’est vrai que ça fait un peu mal, ça. En même temps, je comprends bien que ça peut être décevant. Ca fera 5 ans cette année. Ca paraît énorme et en même temps, c’était hier. Y a des moments dans la vie où le temps se comprime où on a l’impression qu’il s’est passé dix ans tellement il y a eu de choses qui se sont passées. Mais elles, elles sont passées. Moi, je suis resté à les regarder. Peut-être qu’il y aura un train pour moi, un de ces jours. Peut-être demain ou peut-être pas.
On s’est arrêté là… C’est la stroumphette aux yeux embués qui nous a sauvés.
« Tu me fais faire le poirier ? »
« Oui… Ca, je sais faire ça… Faire le poirier… Mais seulement après que tu sois un peu réveillée. »

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